VIE D’ACTEURS DU CONTRAT DE VILLE
« Quartier 2030, une politique partenariale et sociale »
La parole est donnée aux acteurs du nouveau contrat de Ville « Quartier 2030 ». Cette politique vise à répondre aux fragilités sociales des deux quartiers reconnus prioritaires afin de favoriser un développement harmonieux de ces quartiers avec le reste de l’unité urbaine. Découvrez, à travers leur témoignage, les multiples facettes que peut revêtir cette Politique de la Ville, partenariale et sociale, menée sur Pontarlier d’ici à 2030.
Nicolas ONIMUS
Sous-Préfet de Pontarlier
3 questions à Nicolas
Quel est le rôle de l’Etat dans
ce contrat de ville 2024-2030 ?
L’État est signataire de ce contrat, il accompagne les équipes de la politique de la ville notamment sur la réflexion autour des 3 thématiques de cette année : l’émancipation, l’insertion et le cadre de vie. En plus de la préparation, l’État est là pour présider le comité de programmation qui valide la liste des actions soutenues chaque année. L’État assure également un accompagnement de terrain en participant aux réunions dans les quartiers, renforçant ainsi le dialogue direct avec les habitants et les acteurs locaux.
Les quartiers Berlioz et les Pareuses
sont reconnus comme Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) :
qu’est-ce que cela implique ?
La reconnaissance de ces quartiers comme QPV résulte d’un effort de collaboration entre la Ville et la Sous-Préfecture parce qu’avant, seul le quartier Longs Traits était QPV avec une zone en veille active. Maintenant nous avons deux QPV de plein exercice. A partir du moment où nous avons des zones en difficulté, il faut les faire reconnaître comme telles pour obtenir plus de financement. Donc il a fallu batailler pour atteindre les seuils de population requis afin de faire reconnaitre ces quartiers comme QPV. Aujourd’hui c sont 16% de la population de la Ville de Pontarlier qui est concernée par les QPV. Ce statut permet d’augmenter significativement les crédits de l’État dédiés à la politique de la ville.
Quels sont les moyens
mis à disposition ?
Les moyens sont principalement d’ordre financier. L’enveloppe de crédits va augmenter de 65% atteignant 107 200 €, alors qu’au niveau national c’est globalement stable, ça veut dire qu’à l’intérieur du département on passe de 3,3% à 5,1% de l’enveloppe départementale. Il y a aussi des moyens humains déployés avec le financement de 2 postes d’adultes relais. J’aimerais d’ailleurs saluer le travail du service politique de la ville, il y a un vrai travail d’accompagnement des acteurs locaux dans les quartiers, c’est important qu’ils soient impliqués, motivés et sérieux.
Éric BOZZOLI
Directeur de l’Agence d’Habitat 25 à Pontarlier, bailleur social
3 questions à Éric
Comment Habitat 25 est-il impliqué dans ce contrat de ville ?
L’implication d’Habitat 25 était déjà importante dans le quartier Longs Traits, déjà reconnu QPV, mais elle va encore se renforcer dans le quartier des Pareuses où l’on a 307 logements.
Habitat 25, comme d’autres bailleurs sociaux, joue un rôle majeur dans le quartier des Pareuses, récemment désigné comme QPV. Des axes de travail ont été identifiés pour améliorer le cadre de vie du quartier notamment la gestion des déchets, des projets d’animation sociale et la réhabilitation des logements, avec un engagement accru pour répondre aux besoins spécifiques des habitants.
Quelles sont les mesures prévues pour améliorer le cadre de vie des habitants du quartier des Pareuses ?
Des axes ont été identifiés dans le contrat de ville pour améliorer le cadre de vie notamment la gestion des déchets. Ce travail se fait en partenariat avec la Ville de Pontarlier, la CCGP, Préval et les habitants afin d’améliorer le dispositif de gestion des déchets, de débarras des encombrants, etc… C’est aussi en concordance avec la mise en place de la TEOMi en 2023 : pour maîtriser les coûts, on cherche à réduire le nombre de levées, avec l’installation de nouveaux points d’apport volontaire, et ainsi mieux gérer les déchets de manière collective et individuelle.
Un autre chantier concerne l’animation de la vie sociale. Habitat 25 est déjà partenaires de la maison de quartier des Pareuses et la de Ville de Pontarlier. Aujourd’hui, on a une réflexion sur l’affectation d’un local de 160m², rue Romain Rolland, à une activité au bénéfice des habitants. On en saura davantage en 2025.
Il y a aussi un volet sur l’emploi et l’insertion. On souhaite embellir les parties communes avec l’appui de chantiers d’insertion. Cela donnerait un petit coup de jeune tout en mobilisant des structures locales. C’est aussi un projet en cours.
Enfin, l’aménagement du quartier continue d’être une priorité. Par exemple, lors de la réhabilitation de la rue Maurice Cordier, nous avons démoli cette dalle qui, depuis longtemps, était source de préoccupations. Ce chantier est aujourd’hui terminé, et l’embellissement du secteur est en cours. Tout cela se fait en partenariat avec la Ville de Pontarlier et, bien sûr, avec l’implication des habitants.
Habitat 25 a lancé un programme de réhabilitation ambitieux, non seulement pour le quartier des Pareuses, mais aussi pour celui des Longs Traits : en 2017, 64 logements rue du Docteur Marguet, en 2021, 67 logements rue du Lycée, en 2024, 40 logements rue Schœlcher. Actuellement, 56 logements rue Maurice Cordier et 48 autres rue Rouget de Lisle sont en travaux.
Ce sont des travaux complets de réhabilitation avec isolation thermique très performante et amélioration des logements et des parties communes. … L’idée c’est aussi de permettre à l’ensemble des locataires de mieux maîtriser leur consommation d’énergie.
Quelles sont vos actions en faveur de la prévention de la délinquances dans ce quartier ?
Habitat 25 n’a pas de compétence en la matière, mais contribue à la préservation de la tranquillité du quartier en encourageant le respect des règles de voisinage et en renforçant les échanges entre locataires.
Habitat 25 est en relation étroite avec les forces de l’ordre, la maison de quartier et la Ville à travers des groupes de proximité pour identifier et résoudre les problématiques de sécurité du quartier.
On sensibilise les gens pour qu’ils reprennent l’habitude de discuter et d’échanger, de ne pas se renfermer dans son logement, comme c’est parfois le cas depuis le COVID. Il faut entretenir de bonnes relations de voisinage.
La démolition de la dalle Maurice Cordier, est aussi une façon de sécuriser et d’éviter ces zones d’ombre propices aux rassemblements. On ne peut pas quantifier ces résultats mais le lien, les échanges existent pour essayer d’améliorer la tranquillité et le cadre de vie du quartier.
Marie-Pierre CURIEN
Coordinatrice du Centre Social Berlioz (CSB)
et Présidente de l’association Parloncap
3 questions à Marie-Pierre
Quelles sont les actions
du CSB en faveur du mieux
vivre-ensemble ?
Je suis responsable du centre social Berlioz depuis 14 ans, je suis arrivée en 2002 à la MJC des Capucins et Berlioz fait partie de la MJC des Capucins. Comme j’explique aux enfants, on a la même maman et le même papa mais on n’habite pas au même lieu. Avec la MJC, nous avons le même conseil d’administration, c’est juste que l’on rayonne sur des secteurs différents. Le Centre Social Berlioz (CSB) œuvre pour le mieux vivre-ensemble en créant une dynamique de quartier et en offrant un lieu de vie familial et accueillant pour les habitants. Nous sommes un petit centre, c’est pour beaucoup, une deuxième maison pour les habitants. Il s’y dégage une ambiance très familiale. Nous allons d’ailleurs fêter nos 25 ans donc c’est une grande étape de vie pour notre structure. Nous avons commencé avec 2,5 employés et là nous avons 4,5 donc nous avons grandit !
Le but d’un centre social, c’est de créer une dynamique de quartier, d’animation, d’accompagnement, de soutien, c’est vraiment un lieu de vie où il se passe plein de choses. Le fait aussi de travailler intelligemment avec la Ville de Pontarlier et l’ADDSEA, nous permet de faire plein de choses. On a récupéré la salle du dessus quand la Mission Locale est partie, ce qui nous permet d’accueillir aussi les ados depuis 2024. Cela nous permet d’avoir une continuité d’accompagnement, maintenant nous avons un Lieu d’Accueil Enfants Parents ce qu’on appelle un LAEP. Nous accueillons dès la petite enfance mais malheureusement on a une coupure pour les 4/6 ans, nous n’avons pas les locaux pour les accueillir donc ils vont à la MJC des Capucins et une fois qu’ils ont 6 ans, ils reviennent au centre. Depuis un an, un animateur jeunesse prend le relais mais à l’échelle de Parloncap, ce qui nous permet une continuité et un suivi pour le 15-20 ans. Moi j’ai des enfants que j’ai eu petits qui avaient 8/10 ans, maintenant qu’ils sont papa, ils amènent leurs enfants ici ! Cela montre l’attachement, il y a un lien fort et d’appartenance. Ce n’est pas qu’une maison de quartier, c’est vraiment un lieu de vie.
Nous proposons diverses activités et services, tels que l’accueil des enfants et des parents, des animations pour les adolescents, ainsi que des soutiens à la parentalité avec le café des parents et puis aussi des activités pour les familles avec des sorties, des soirées, des projets initiatives habitants.
Nous avons également tout un volet d’accompagnement dans les démarches administratives, sur l’envoi d’un mail, la rédaction de documents, les CV etc. J’ai pour habitude de dire que sur un bateau il faut un capitaine et j’ai à mes côtés mes moussaillons et ensemble, on avance. Avec le COVID nous avons craint que ce soit la mort de nos maisons mais au contraire, ça a été une mise en lumière de notre fonction, de ce qu’on fait, il y a une reconnaissance. Il y a la famille, Berlioz et l’école, on est un maillon important de la chaîne.
Vous êtes présidente de l’association Parloncap qui regroupe les 4 maisons de quartier : quel est son objectif ?
Avant d’être une association, Parloncap c’était un collectif, la création date de 1996. La maison de quartier la MJC des Capucins rencontrait des difficultés à cette époque et puis Nicolas Roche le directeur de la maison de quartier des Pareuses s’est rapproché de la directrice de l’époque de la MJC. Ils se sont regroupés pour s’épauler et se soutenir dans les problèmes rencontrés et de là est né le collectif. Nous sommes une association depuis 2021. Il n’y a pas d’autres exemples comme celui-là dans le département, c’est un peu expérimental et la CAF nous prend souvent en exemple. C’est d’ailleurs la CAF nous a encouragé à nous constituer en association. Nous montons ensemble, les 4 maisons de quartiers plusieurs projets, 7 au total en cours !
Le tout premier est « Passeur d’images » c’est le projet fondateur autour du cinéma. Les jeunes avaient créé, à l’époque, un court métrage. Maintenant nous organisons aussi des séances plein air l’été, en partenariat avec le cinéma Olympia et la Ville, nous proposons aussi des contremarques de cinéma à 3€ pour les moins de 25 ans à chaque période de vacances.
Un autre des projets phare est la semaine à thème pour les accueils de loisirs. C’est une semaine où l’on regroupe près de 130 enfants de 6 à 11 ans, encadrés par une trentaine d’animateurs et ils ont un grand jeu tous les jours autour d’un thème, chaque jour dans une maison de quartier différente avec à la fin une sortie.
Les bases du collectif c’est le vivre ensemble, c’est mener des projets collectifs, c’est sortir les enfants des quartiers pour avoir une mixité sociale et culturelle c’est important. Parloncap, c’est organiser des projets à l’échelle de Pontarlier, ceux qu’on ne mènerait pas seul dans notre structure.
Il y a également le tournoi Inter quartiers pour les 9/11 ans et 12/15 ans, c’est une rencontre sportive par vacances et à la fin de l’année il y a un classement et puis une sortie. Chaque maison de quartier constitue une ou 2 équipes. Au début le collectif c’était aussi pour atténuer les rivalités entre quartiers et ça fait maintenant une quinzaine d’années qu’elles n’existent plus ces rivalités, parce qu’évidemment ils vivent ensemble, ils grandissent ensemble, ils se voient sur les projets communs. On en a la preuve sur le tournoi, avant c’était Berlioz contre les Pareuses etc… ça pouvait aller jusqu’à des voitures tagguées et maintenant, on est loin de ça. Cela permet de mesurer l’impact de nos actions. Sont arrivés ensuite les week-ends nature, on en fait 2 dans l’année pour les ados et il y a aussi des projets culturels avec des expos car le but c’est de ne pas être que dans le sport.
Parloncap, en décomposant cela fait donc « Par » Pareuses, « lon » Longs Traits, « cap » Capucins avec le centre Berlioz. Et pourquoi ce logo d’un capitaine avec sa longue vue, car nous sommes visionnaires et nous voyons loin, on garde le cap ! Parlons, communiquons… Avec le statut d’association, on a une identité juridique et les projets sont portés non pas une fois par Berlioz, une fois par la MJC mais par tous les directeurs en même temps.
Quelles sont les missions
du médiateur jeunesse ?
Grâce aux opportunités financières avec la CAF et le contrat de ville, nous avons pu recruter un animateur jeunesse pour les 15/25 ans. Justin était la personne idéale car il a travaillé 10 années à la MJC des Capucins, il connait bien l’association, il souhaitait vraiment s’occuper des jeunes de cet âge donc c’était parfait. Cela fait un an qu’il est sur ce poste, c’est une réelle plus-value sur les actions de jeunesse. Par exemple, à chaque vacance, il propose une permanence au gymnase pour permettre aux jeunes de se retrouver. Avec Initiatives Jeunes (dispositif Ville de Pontarlier de soutien au projet), nous avons accompagné des jeunes dans l’organisation d’un premier festival de Babyfoot. PARLONCAP s’est porté garant pour la subvention et la réservation de la salle et je les félicite du succès rencontré et de leur initiative ! L’animateur jeunesse propose également des sorties culturelles, il a proposé une sortie pour aller assister au spectacle de l’humoriste Malik Bentalha. Il y a un espace jeune une fois par mois tous les derniers vendredis, où ils occupent le hall de la MJC et Justin l’aménage avec Babyfoot, billard, table de ping-pong et puis il y a une petite restauration. C’est un projet en partenariat avec l’ADDSEA, un éducateur de prévention spécialisée accompagne Justin car il y a quand une trentaine de jeunes. Ils ont pris acte de cette rencontre mais qu’une fois par mois c’est peu, il manque réellement un lieu vraiment central dédié à la jeunesse et ouvert tout le temps. Et puis pour investir le hall de la MJC, c’est beaucoup de logistique et de manutention.
Justin est à l’affût de nouveaux projets. Un jeune adulte de 20 ans est venu lui soumettre l’idée d’assister au Jamel Comedy Club à Besançon, ce sont des sorties que les jeunes ne feraient pas seuls ou tout seul et y aller ensemble permet d’obtenir des prix préférentiels. On ne va pas régler tous les problèmes de la jeunesse, mais on insuffle une dynamique et ça bouge !
Si je ne croyais pas en Parloncap, je ne serais pas présidente, je suis fière de ce collectif d’où il en est, d’où il est parti, comment il évolue. On renvoie une autre image des quartiers, on fait des belles choses ensemble, on s’ouvre à d’autres, on mixe nos publics naturellement, les enfants participent à des projets communs. Il y a un partenariat fort avec la Ville de Pontarlier vis-à-vis du service politique de la ville, avec la CAF et puis la prévention spécialisée, ce sont vraiment 3 partenaires très importants.
Isabelle SCHAWLB
Directrice de l’école Joliot-Curie
4 questions à Isabelle
Quels sont les impacts
de ce contrat de ville dans
votre établissement ?
Je suis directrice de cette école depuis 2020. Ce contrat nous permet d’avoir des effectifs allégés et de bénéficier du Programme de Réussite Éducative (PRE), du Contrat Local d’Accompagnement à la Scolarité (CLAS) pour les élèves les plus fragiles, avec la MPT. Nous avons également accès à des spectacles et animations gratuites pour les élèves du quartier QPV. Et puis en tant que directrice, ça me permet aussi d’avoir des réunions régulières qui me permettent de rencontrer tous les acteurs du contrat de ville en ayant une continuité pédagogique éducative et culturelle. Par exemple les CM2 ont assisté à un spectacle gratuit au théâtre au mois de novembre sur le thème de l’égalité fille garçon.
Comment se déroule le projet pilote de végétalisation
de la cour d’école ?
Le projet a commencé en 2022, lancé par la commune de Pontarlier, qui a financé l’atelier de formation des enseignants Canopée à Besançon. C’est un projet qui est pensé par et pour les utilisateurs : les enfants, les enseignants, le périscolaire, la MPT, les Francas et les habitants du quartier. Tous ces acteurs ont été pris en compte dans la construction de ce projet. Il a donc été conçu grâce à des observations orales, écrites, sur le ressenti de tous ces acteurs et leurs envies de la cour future. La première phase de travaux a commencé le 24 octobre 2024. Une maquette a été proposée par la ville pour donner suite à différentes phases et groupes de travail. Une maquette est sortie du lot en tenant compte des envies et des possibilités de la commune. Ça va être un beau projet que l’on verra en 2026.
Qu’en est-il du soutien
à la scolarité ?
Le soutien il passe par l’intervention du CLAS auprès des élèves du CP au CM 2 mais aussi auprès des élèves du collège où en fin de primaire, nous les incitons à ne pas lâcher de façon qu’il y ait un suivi de la part de la MPT. Il y a aussi l’intervention des animateurs de la MPT lors de voyages scolaires ce qui permet aux enfants qui ne vont pas à la MPT de les connaître et d’assurer une continuité pédagogique. Avec les CM2, nous avons fait 2 voyages une fois à Paris et une fois au Larmont pour un travail de cohésion sur 3 jours. Un animateur de la MPT nous a accompagné au Larmont et deux à Paris ce qui permet de mieux connaître les enfants.
Qu’en est-il du soutien
à la parentalité ?
Il passe par les enseignants, le PRE, les Francas et la MPT avec un travail collaboratif pour la réussite scolaire de tous les enfants. Ce soutien à la parentalité émane aussi d’un travail avec les représentants des parents d’élus et aussi des parents de la communauté de l’école. Plusieurs thématiques sont abordées notamment l’usage des écrans où on essaie de sensibiliser les familles.
Qu’en est-il de la lutte contre l’usage abusif des écrans ?
On a participé aux « 10 jours sans écran » en faisant comprendre l’intérêt de réduire l’usage des écrans, car c’est compliqué d’arrêter d’un coup cette habitude. On a communiqué auprès des familles avec l’association des familles, le PRE pour les sensibiliser et tout un travail a été fait en classe par les enseignants.
Bénédicte HÉRARD
4 questions à Bénédicte
Comment le CCAS est-il impliqué dans ce contrat de ville ?
Le contrat de ville est un engagement structurant et une avancée pour cette nouvelle contractualisation “Quartiers 2030”. Il faut savoir que nous passons d’environ 50 000 euros à 117 000 € de subvention pour la politique de la ville à Pontarlier, avec la reconnaissance des nouveaux QPV que sont Berlioz et les Pareuses. Le CCAS fonctionne tout le temps pour tous les enfants, pour tous les seniors, pour toutes les personnes en situation de handicap, de vulnérabilité et bien sûr nous recevons du public résidant dans ces quartiers QPV. Nous disposons par exemple de places de crèches AVIP (à vocation d’insertion professionnelle) qui vont permettre l’accueil au pied levé, d’enfants dont les parents, le père ou la mère doivent se rendre à un entretien d’embauche, exécuter des périodes d’essai… Nous avons contractualisé avec la CAF qui a des moyens financiers spécifiques, pour permettre à ces enfants d’intégrer rapidement les effectifs des crèches qui les accueilleront dans de bonnes conditions, pour que leurs parents puissent prétendre à un retour à l’emploi. Cela fait partie des actions du CCAS.
Parlez-nous du travail réalisé sur l’accès aux droits.
Il va venir étayer, renforcer tout ce que ce contrat de ville va impliquer au niveau de la prise en charge des publics fragiles et vulnérables. Il va notamment permettre l’accès aux droits. Nous avons beaucoup d’associations qui sont en résidence au CCAS et qui accompagnent ces ménages dans leurs difficultés, afin de les solutionner. Le CCAS, c’est un peu comme le phare dans la nuit pour tous les habitants qui peuvent y trouver une réponse. Si la réponse ne se trouve pas au CCAS alors nous les orientons vers les interlocuteurs privilégiés. Le CCAS apporte son soutien, son expertise, son accompagnement social, et travaille en partenariat avec le Conseil Départemental 25. Il va faire le relais avec la CAF, avec la CPAM, les bailleurs sociaux… Il va venir appuyer les démarches visant à l’accès aux droits mais aussi à la santé grâce aux canaux dont il dispose pour traiter les demandes de personnes en détresse.
Il est en lien avec toutes les associations du champ caritatif et social et par conséquent, il va permettre d’accompagner la prise en charge de la santé mentale, de meubler un logement, de se procurer des vêtements, des denrées alimentaires…Ce sont quelques exemples de son champ d’intervention. Nous faisons appel à nos partenaires avec qui nous travaillons très régulièrement et ainsi nous débloquons des situations complexes. Ce travail se fait en réseau et notre proximité nous le permet. Les bailleurs sociaux sont, de même, des alliés extrêmement importants sur la question du logement. Nous avons des rapports privilégiés qui permettent au CCAS de suivre les dossiers des demandeurs avec précision.
Qui sont les acteurs de cette politique au sein du CCAS ?
Les assistantes sociales, les agents sociaux, la référente seniors, le personnel petite enfance, les animatrices du relais petite enfance, le personnel d’accueil … en clair tout le personnel du CCAS est dévoué à ses publics. Ainsi, il lutte contre la précarité et l’isolement. Le CCAS maintient et renforce le lien social. A titre d’exemple, les fêtes de fin d’année sont l’occasion partager un repas et une après-midi festive avec nos aînés et de leur offrir un colis de Noël et bon cadeau. Pour certains, ces attentions seront les seules qu’ils recevront.
Quels services ont été renforcés ?
Nous avons signé le contrat de ville début 2024, les effets seront encore plus visibles en 2025. Cette année, nous avons assuré la continuité avec l’État pour qu’il n’y ait pas de rupture mais nous allons vraiment arriver dans le vif du sujet l’année prochaine.
Nous maintenons les subventions aux associations. Afin de réduire la fracture numérique, un conseiller numérique vient faire des permanences au CCAS et dans les maisons de quartier.
Le Programme de Réussite éducative (PRE) poursuit son action auprès des familles. Nous sommes d’ailleurs en train de former des professionnels afin d’assurer des permanences et d’accompagner les familles sur la question de la surexposition aux écrans qui fait beaucoup de dégâts. Par ailleurs, nous avons un projet ambitieux de rénovation de la maison de quartier des Longs traits. Cette maison est un repère dans le quartier.
Le CCAS c’est aussi un lieu d’accueil et d’écoute, c’est toujours une réponse à une sollicitation.
Leila HIMEUR
Emmanuel PICHETTI
Directrice adjointe prévention spécialisée
& Directeur adjoint Insertion ADDSEA
4 questions à Leila & Emmanuel
Comment êtes-vous impliqués dans ce contrat de ville ?
Nous faisons partie du secteur insertion prévention jeunes de la Direction de la solidarité (DS) Il y a 4 secteurs : le secteur accueil hébergement de jour, le secteur médico-social, le secteur enfance famille et le secteur insertion prévention jeunes dont on fait partie. L’ADDSEA c’est 700 personnes sur Besançon, Pontarlier, Montbéliard.
Pour la prévention spécialisée sur Pontarlier spécifiquement, on a une équipe interdisciplinaire, c’est à dire qu’on a à la fois des éducateurs de rue, une animatrice et une psychologue. On accompagne des jeunes de 11 à 25 ans, on a 3 postes d’éducateur de rue qui accompagnent les jeunes entre 11 et 21 ans avec une attention particulière concernant les jeunes de 11 à 14 ans et leurs familles car ce sont des jeunes en risque de décrochage scolaire. On est dans une démarche d’aller vers les jeunes dans les lieux où ils se trouvent, ça peut être les QPV, la rue, les manifestations organisées par la Ville… On va à la rencontre des jeunes pour qu’ils puissent avoir des adultes ressources, référents.
Nos postes sont financés par le Département, le fonds interministériel de prévention de la délinquance, il y a les contrats de ville et la caisse d’allocations familiales. L’ensemble de ces financeurs nous permet de mener nos actions sur Pontarlier. On a des chantiers de prévention spécialisés pour des jeunes entre 14 et 21 ans que le contrat de ville finance en partie. Un projet a été mené qui s’appelle génération numérique à partir du point information jeunesse (PIJ) c’est l’animatrice du PIJ et le CPE du collège lycée des Augustins. Elles forment des adultes ressources sur les questions du numérique et elles mettent en place une formation et interviennent dans les établissements scolaires, tout cela dans le cadre du contrat de ville.
Quelles sont les actions de prévention spécialisée entreprises par l’ADDSEA ?
À Pontarlier notre petite spécificité c’est que on a aussi une animatrice au point information jeunesse qui est gérée par le service de prévention spécialisée. Elle traite plutôt des questions d’orientation, de CV, de lettre de motivation donc elle accueille les jeunes du lundi au jeudi et elle mène également des actions de prévention dans les établissements scolaires, liées à la sexualité par exemples, toutes les questions du quotidien liées aux jeunes.
On a également une autre entité de la prévention spécialisée à Pontarlier, c’est le point d’accueil écoute jeunes (PAEJ) pour accompagner des jeunes qui ont entre 11 et 25 ans sur des questions liées à des difficultés scolaires, ça peut être des difficultés familiales etc. Un éducateur et une psychologue accueillent les jeunes du lundi au vendredi de façon anonyme, gratuite, confidentielle et la particularité de la prévention spécialisée c’est qu’on est sur la libre adhésion des jeunes et des familles. Tout notre travail c’est d’aller à la rencontre des jeunes pour créer une relation de confiance qui leur permette de se tourner vers nous en cas de besoin.
Il y a toutes les actions concernant le volet génération numérique qui est une action quand même qui part de l’Observatoire de la sécurité au départ, avec l’ensemble des partenaires du territoire du social, du médico-social, les établissements scolaires. L’objectif est de former des professionnels dans les établissements scolaires dans les structures sociales, médico-sociales pour des interventions au sein des établissements scolaires sur toute l’année, autour des risques liés au numérique. Il y a eu une conférence pour les parents sur ces questions-là. Cette année on va essayer de se pencher un petit peu sur les questions autour de l’intelligence artificielle, toutes ces nouvelles choses qui viennent questionner la jeunesse.
Quelles sont les actions visant à l’insertion des jeunes ?
Il y a un trait d’union entre prévention et insertion. L’atelier chantier d’insertion fait partie d’un dispositif qui s’appelle les SIAE (structure d’insertion par l’activité économique). La particularité de l’ADDSEA c’est qu’un pont est créé entre la prévention 11/25 ans et l’insertion avec des jeunes de 17 à 25 ans. C’est à dire qu’à partir du moment où des jeunes veulent sortir du milieu scolaire mais qui veulent rentrer en emploi, une prescription est faite. Notre job ce n’est pas de leur donner un métier mais c’est de les amener au travail, c’est de leur faire comprendre les mécanismes pour pouvoir rentrer dans la vie active puis c’est aussi lever leurs freins qui sont souvent liés à la famille, à l’éducation ou à leur vécu.
L’insertion propose aux particuliers, aux entreprises, aux associations, collectivités locales et aux bailleurs sociaux, des travaux sur les espaces verts, petits travaux d’intérieur, lavage de voiture sans eau, les déménagements ou enlèvements d’encombrants.
Donc on travaille avec les acteurs locaux. La particularité à Pontarlier c’est qu’il y a une forte collaboration avec la Ville qui nous suit, nous accompagne pour travailler sur le Larmont, pour travailler sur le cimetière ou encore le Château de Joux. 60 ou 70% des jeunes viennent des QPV.
Le soutien de la Ville il est aussi beaucoup dans les locaux. Des locaux nous sont mis à disposition par la Ville de Pontarlier, c’est vrai que ça nous permet d’avoir une action qui est vraiment ancrée sur le territoire.
Quelles sont les solutions proposées pour pallier les problématiques de mobilité rencontrées par les jeunes du secteur ?
Au premier abord on pourrait croire que la mobilité se résume à revenir au travail ou à se déplacer, pour cela on a une auto-école solidaire à moindre coût, subventionnée par le contrat de ville et les partenaires financiers. Les jeunes doivent être orientés par un travailleur social, c’est dans le cadre d’un projet global d’insertion. Mais la mobilité c’est aussi accompagner les jeunes vers l’emploi, c’est-à-dire aller la première fois à l’entreprise, se présenter, être capable de trouver l’adresse. Des actions d’accompagnement sont mises en place pour aider les jeunes à se rendre aux entreprises et à utiliser des solutions comme le covoiturage.